Vendredi 26 août 2022

Et si on rigolait un peu?

Latacunga, c’est un peu l’étape transitoire. Il n’y a pas grand chose à voir, mais la ville est située à mi-chemin entre le Quilotoa et le Cotopaxi, deux volcans que nous souhaitons absolument visiter. Elle est à 2860 mètres d’altitude, ce qui fait une bonne acclimatation avant de commencer une ascension.

Chose remarquable dès l’arrivée, il fait froid et sec. Sacré changement par rapport au climat tropical de Mindo.

Nous en arrivant

Nous nous dirigeons vers notre hôtel, peu cher et installé dans un bâtiment de plus de 450 ans, qui a même survécu à la grande éruption du Cotopaxi. Il y a un chauffage, HALLELUJAH.

La clé du dongeon de la chambre

Mais ce qui nous a surtout marqué dans cette ville, c’est la soirée surréaliste que nous avons passé le premier soir. Le petit creux du soir pointant le bout de son nez, nous faisons le tour des restaurants. Que des pizzerias, rien de bien satisfaisant. Et puis, caché sous les arcades en face de la cathédrale, un petit café, D’Tere. La grille est fermée mais le panneau indique abierto (ouvert).

Un petit “Hola” lancé à la volée, et une grand-mère apparaît et se dépêche de nous ouvrir avec un grand sourire. Teresa Toscano tient ce café toute seule et ne sert que des petits snack traditionnels, trop chouette. L’ambiance est chaleureuse et nous nous sentons immédiatement à l’aise.

Teresa aux fourneaux

Pour se réchauffer, nous commençons par un chocolat chaud…avec du fromage fondu dedans (après Mindo vous auriez dû vous en douter). C’est délicieux et réconfortant.

Les snacks sont succulents, particulièrement les tamales, petite préparation à base de farine de chochos (haricots), avec du poulet des champignons et cuits dans une feuille de bananier.

Ca ne paraît pas ragoûtant comme ça mais c’est délicieux

Nous craquons aussi pour les bonitisimas, des petites galettes un peu sablées à base de farine de maïs, de fromage et de pomme de terre.

Pendant que nous nous régalons, elle nous explique qu’elle est de Quito, et qu’après une vie à faire de l’audit comptable, elle a tout lâché pour vivre son rêve et ouvrir ce café. Et c’est clairement réussi. Nous étions les premiers mais d’autres clients arrivent et elle s’efforce de mettre tout le monde à l’aise.

Viens le tour de payer. “Vous ne voulez pas rester? Dans une demi-heure, on commence une session de thérapie du rire.” Interloqués, nous nous observons avec Tom. “C’est payant?” Elle balaye la question de la main et nous répond “Mais non enfin, c’est dans l’esprit du lieu. Tous les gens présents ce soir sont là pour ça.” Surpris mais intrigués, nous partons nous asseoir pour patienter.

En attendant, un couple français s’est installé derrière nous. Nous papotons avec eux pendant la demi-heure d’attente annoncée (soit une heure et demi environ). Soudainement, la musique se déclenche et une femme au nez rouge et à la robe pleine de couleurs et de papillons arrive.

Son énergie est communicative et nous avons déjà le sourire jusqu’aux oreilles. Pendant près d’une heure, elle nous fait enchaîner des petits mouvements de coordinations que l’on ne parvient pas à réaliser, des danses mignonnes et même des massages avec les autres! Le rythme est parfait, on rit à chaque étape, tous surpris de la communauté que nous formons pendant ces précieux instants. Une panne de courant dans toute la ville? Pas grave, nous sommes dans notre cocons et sortons les bougies.

Elle nous explique que son public habituel ne se trouve pas dans les cafés. Ce sont les enfants et les adolescents atteints de cancer qui restent à l’hôpital. Depuis près de 10 ans, elle utilise le rire comme aide aux médicaments, le “paracétamol naturel”.

“Quand vous êtes atteints d’une maladie, vous imaginez les pires scénarios. Votre corps sécrète du cortisol, ce qui empire les choses. Le rire, lui crée des endorphines, un anti-douleur naturel. Une patiente à moi avait un an à vivre, cela fait plus de 10 ans que je la suis.”

Nous sommes d’autant plus honorés de passer ce temps avec elle.

Les français et leur docteure du rire

Sauf que cette soirée ce n’est pas pour elle. Il s’agit en fait de l’anniversaire de la gérante du café, celle qui nous a tous réunis ce soir. Double honneur pour nous de partager ce moment intime.

L’électricité revient mais le charme de la soirée reste intact. Avant de partir, elle nous offre un petit verre de canelazo, un alcool servi chaud à base de jus de canne à sucre et de cannelle avant d’ajouter “Merci à vous d’avoir été là ce soir”.

Non Teresa, merci à vous de nous avoir offert cette splendide soirée pleine d’humanité.

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